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Si l’on fait une recherche « Damien Costy » sur le net on reconnaît la trace particulière de cet internaute à son style particulièrement « f1 » (*) et au fait qu’il semble suivre par exemple deux sujets typiques et typiquement « mystiques » :
_la « f1 du monde », avec les habituelles « prophéties » à la clef, sur le sujet, et leurs plantages comiques récurrents, dont ceux de « Damien Costy » sont une illustration parmi d’autres…
_l’autre sujet récurrent de « Damien Costy » est sa revendication d’être « luciférien », sinon d’être « lucifer » lui-même, comme cela lui arrive de « contresigner », en quelque sorte, ses posts…
Avec néanmoins un relatif « second degré », semble-t-il, du moins, on l’espère pour lui… A toute « f1 » utile, serait-on tenter de préciser…
Avec son style « f1 du monde » caractéristique « Damien Costy » est ainsi en quelque sorte le « Max Verstappen » des forums, mais sans les « arrêts au stand » qui lui éviteraient de finir très rapidement sur les jantes à chaque sortie…
Il n’y a donc guère d’autre « développement de sa pensée économique » à en attendre qu’un énième micro-manifeste « néo-luciférien » dans son inénarrable style télégraphique…
Au-delà de l’aspect plus ou moins délibérément caricatural, tant du « personnage internautique » que de son intervention, son type de post est en réalité tout à fait emblématique de la culture « internautique » de notre époque.
Une culture « connectée » mais qui n’avait jusqu’ici jamais atteint un tel degré de « déconnexion », précisément, d’avec la réalité !
Que chacun vienne sur le net avec son propre univers mental et l’y « importe » plus ou moins tel quel, au départ, c’est évidemment une loi assez inévitable du genre, mais le principe même du débat est de savoir si la confrontation des divers univers mentaux contribue à l’évolution des uns et des autres, et ainsi à l’évolution générale de la culture internautique, voire, tant qu’à faire, à l’émergence de quelque chose de réellement novateur, et pourquoi-pas, d’enfin réellement positif et efficace.
La seule émergence sociale un tant doit peu significative, en France, que l’on puisse essentiellement attribuer au net, ce fut le mouvement des « Gilets Jaunes ». Si d’autres mouvements sociaux ont utilisé le net pour tenter de gagner en expansion, on ne peut pas dire qu’ils y aient réellement pris naissance. Le cas « intermédiaire » est peut-être celui des « Nuits Debout », mais qui se sont « greffées », en quelque sorte, sur le mouvement social syndical contre la « Loi Travail » et l’ont en pratique « achevé » plutôt que de constituer une réelle émergence.
Le terme d’émergence a ici une importance fondamentale, puisque l’émergence est le principe même de l’évolution, et donc, du changement réel et significatif.
Dans le cours de l’évolution l’émergence est significative par le fait qu’une espèce « émergente » présente des caractéristiques particulières qui deviennent celles précisément « particulières » de cette espèce et s’établissent, pour la durée de vie de cette espèce nouvelle, sans retour possible aux caractéristiques devenues « archaïques » des espèces plus anciennes.
Il en va de même des phénomènes économiques et sociaux. A ce titre on ne peut que constater l’échec, en termes d’évolution, de mouvements tels que les « Gilets Jaunes » ou les « Nuits Debout » : ils n’ont engendré aucun changement irréversible.
On ne peut évidemment pas présumer du fait que la chose n’aura jamais lieu, à l’avenir, mais le fait est donc qu’au-delà de sa propre émergence et de l’emprise durable, sinon irréversible, qu’il a acquis sur la société, internet n’a engendré aucun mouvement social ou politique qui soit significativement différent de ce qui lui préexistait.
Le net « interactif » a pourtant déjà une trentaine d’années sous la forme des blogs et donc accessible à tout un chacun. C’est donc en soi un phénomène émergent et durable, y compris et surtout à l’échelle des changements politiques et sociaux intervenus à l’échelle mondiale, durant la même période. Par contraste, donc, si le net a joué évidemment un rôle fondamental en termes d’évolution des infrastructures économiques et sociales, on ne peut que constater qu’il n’a pas vraiment joué le même rôle en termes de superstructures des mouvements politiques et sociaux, contrairement à ce qui est souvent revendiqué dans telle ou telle « étude » sur le sujet.
S’il a joué un rôle, c’est donc un rôle nettement conservateur, à plus d’un titre, des superstructures sociales et politiques préexistantes.
Un rôle réactionnaire, en fait, même, par rapport aux changements possibles, et même nécessaires, et dont certains pourtant rendus potentiellement possibles par son principe même d’interactivité.
Réactionnaire au sens premier du terme, selon lequel il a donc fait obstacle à l’expression concrète de ces changements, c’est-à-dire à leur concrétisation dans la pratique.
Pourtant, ici, deux réflexions s’imposent :
_Jusqu’à un passé relativement récent, on ne peut pas dire que la « liberté d’expression » ait été en cause dans cet état de fait, ni même, tout étant relatif, qu’elle le soit radicalement davantage aujourd’hui, malgré l’efficacité des algorithmes de censure : ils sont un frein considérable et efficace mais pas encore une « gomme » radicale, en terme d’interactivité potentielle.
_Jusqu’à présent, également, on ne peut pas non plus parler d’internet comme une « entité » en soi, même si cela peut changer rapidement, avec l’extension de l’IA. (**)
La configuration générale actuelle de l’internet est donc établie non pas par les internautes, mais bien par les autorités « médiatiques » des classes dominantes. Le « dosage » des différents types d’expression que l’internaute y rencontre est donc nettement étudié et contrôlé pour y faire « apparaître », selon les demandes des internautes, une « vision » du monde qui leur donne l’illusion d’une « liberté d’expression », d’un « pluralisme », etc…, mais sans que ce qui pourrait déboucher sur des changements sociaux réels ne puisse y apparaître comme une perspective réellement séduisante et suscitant le passage à l’action concrète pour sa réalisation.
Mais plus habilement encore, le contrôle « algorithmique » du net fait qu’avec quelques termes « personnalisés », l’internaute se trouve assez rapidement face à quelques prolongements de l’univers mental qu’il y a déjà apporté lui-même, de sorte que le net devient pour lui, sans même qu’il en soit conscient, la plupart du temps, bien davantage un « miroir » reflétant son propre univers mental qu’une « fenêtre » ouverte sur le monde et sur d’autres « perspectives », à tous points de vue.
L’internaute éprouve ainsi rapidement un sentiment d’ « expansion » de son propre univers mental, et la tendance instinctive est donc aussitôt de chercher davantage d’ « expansion » de son univers mental, plutôt que la confrontation avec des éléments de réalité qui puissent remettre en cause ce sentiment de « confort » intellectuel expansif et extensible.
Et paradoxalement, à priori, même au fil des « débats », chacun fait de son post une nouvelle « extension » de son propre univers mental, plutôt qu’une « passerelle » vers les univers mentaux d’autres intervenants. Le fait est donc ainsi simplement que trente ans d’« interactivité » des blogueurs sur le net sont essentiellement trente ans de « dialogues de sourds », à quelques exceptions près, sans doute, mais trop minoritaires pour avoir un impact quelconque sur la réalité sociale de notre monde.
Et le banco-centralisme, dans tout ça ?
L’affirmation ou la négation, pour lui, de l’émergence et de l’existence du phénomène banco-centraliste est le point simple et unique du bref post de « lucifer-Damien Costy » sur VLR.
On ne reviendra pas, ici, sur le fait que les rares déterminants cités par lui sont précisément des éléments de la définition même du banco-centralisme.
C’est déjà, à ce titre, plutôt un élément en faveur d’une évaluation positive, tout étant relatif, de sa perception de la réalité du phénomène lui-même.
La réaction majoritaire des lecteurs du sujet étant plutôt précisément une « non-réaction », un déni par le silence, en quelque sorte, ou bien une négation de fait par le simple « échappatoire » de parler d’autre chose, en regard du sujet éventuellement « commenté » : le « non-commentaire » néanmoins expressément formulé, même si « indirectement » !
Face à un élément qui ne rentre pas dans le schéma des « univers mentaux » douillettement installés sur le net, « échappatoire » et silence sont deux formes de contorsions intellectuelles pour éviter la confrontation avec le réel.
« Lucifer » a quant à lui trouvé un autre truc : donner au nouveau phénomène le nom d’un autre, préexistant, pour le faire rentrer sans heurt dans son petit « enfer » personnel.
Mais ce qui « préexiste » au nouveau est aussi parfois ce qui disparaît avec son émergence, ou peu après.
« Peu après », ce qui peut donc impliquer une période transitoire de coexistence des deux phénomènes.
« Peu après », ce qui, en termes de période historique, peut être relativement long, en regard d’une durée de vie humaine. Ce qui peut rendre le nouveau, pour la période « transitoire », difficile à distinguer de l’ancien.
La base de l’expansion du capitalisme, pour Marx, c’est son élargissement par le travail productif humain, et, pour l’essentiel, par celui du prolétariat industriel. Pour Marx, différentes formes du capital ont précédé l’émergence du capital industriel, mais il est clair que le capitalisme tel qu’il le définit, aussi bien dans les Grundrisse que dans Le Capital, c’est le capitalisme industriel.
L’expansion du capitalisme, selon Marx, se fait donc suivant la loi de la valeur, telle que précisément liée au travail productif du prolétariat industriel. Dès son époque déjà, avec la baisse tendancielle du taux de profit, elle dépend donc de l’expansion du prolétariat industriel.
Contrairement à une lecture biaisée par le contexte idéologique, et surtout, ultérieur, la fin du capitalisme est d’abord et avant tout liée à celle du prolétariat industriel, à sa fin totale, évidemment, mais déjà à sa réduction, en proportion de l’investissement en capital fixe, c’est-à-dire en machinerie, essentiellement, et en machinerie de plus en plus automatisée, donc, telle que déjà émergente du vivant de Marx, à l’époque de la machinerie à vapeur.
Évidemment, la période d’expansion du capitalisme et du prolétariat industriel, qui s’est achevée, en France, au milieu des années 70 du siècle dernier, n’est pas allée sans crises qui auraient pu entraîner sa fin « révolutionnaire », en quelque sorte « prématurée » par rapport à son cycle « naturel » complet, et c’est bien ce que Marx espérait et exprimait déjà, à l’occasion, dans ses écrits, et d’autres auteurs marxistes à la suite, mais cela ne signifie pas pour autant que la fin du capitalisme soit nécessairement le fruit des luttes sociales : au contraire, dans sa période de rétractation, et plus elle avance, et plus il se rapproche de sa fin « naturelle », faute d’une quantité suffisante de plus-value, même « relative » à extraire du prolétariat industriel, pour son élargissement, et même, son simple renouvellement, en proportion des investissements nécessaires en capital fixe, stériles en termes de plus-value, mais incontournables, en termes de concurrence « mondialisée ».
Le capital fixe, c’est toujours du capital, évidemment, mais dans la mesure où il n’est plus suffisamment « irrigué » par le travail productif humain, son cycle de renouvellement, en termes d’investissements, repose donc essentiellement sur le cycle de la dette, qu’elle soit publique ou privée, et le « profit capitaliste » « comptabilisé » aussi bien sur le bilan de l’entreprise que sur le compte en banque du « capitaliste » n’est plus qu’une fraction ainsi formellement « capitalisée » de la dette globale du système, « irriguée », elle, par les « liquidités » déversées par les banques centrales : de l’argent créé ex-nihilo et non pas de la « valeur », au sens réellement capitaliste du terme, extraite du travail productif humain.
La « valeur » de la production n’est plus, pour l’essentiel, que la « valeur » d’amortissement et de renouvellement du capital fixe, déjà essentiellement de la dette, et le « bénéfice » de ce « capitaliste » une fraction de l’élargissement de la dette banco-centralisée : c’est pourquoi on ne parle plus de « capitalisme », mais bien de banco-centralisme.
Évidemment, dans la période de « transition », il y a toute une gamme de situations possibles entre l’« ancien » capitalisme, réellement digne de ce nom et le nouveau banco-centralisme, émergent.
Mais ce que nous enseigne l’histoire économique du monde, depuis la crise de 2007-2008, c’est bien que le mouvement vers le « nouveau » système de domination de classe, banco-centraliste, est irréversible, tout comme l’était le mouvement vers le capitalisme industriel, au début du XIXe siècle.
La lutte contre les vestiges du capitalisme n’est évidemment pas forcément dénuée de sens, mais une réelle alternative sociale ne pourra se construire que dans la lutte contre le banco-centralisme.
Luniterre
(* http://ekladata.com/HMGz1l6MJ8fwxciCSBJjH_RIMaA/Quelques-perles-luciferiennes-de-Damien-Costy-.pdf )
(** J’ai testé ChatGPT : les questions qui fâchent…
http://cieldefrance.eklablog.com/j-ai-teste-chatgpt-les-questions-qui-fachent-a215444145 )
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