De l’Ukraine et du spectacle mondial de la marchandise... ET réponse de do

Réponse de do portant entre autres sur l’égalité faite par certains entre les USA d’un côté, et l’URSS-Russie de l’autre :

Salut,

Je ne suis pas d’accord avec tout. Pour ce qui s’est passé en Vendée à l’époque de la Révolution Française, il y a plusieurs versions, dont une très intéressante que je n’ai vu qu’une seule fois il y a vingt ou trente ans dans un magasine littéraire et qui présentait le mouvement des Vendéens non comme un mouvement réactionnaire, mais révolutionnaire à l’origine, et qui avait fini par devenir réactionnaire par manque de perspective et parce que le Paris révolutionnaire le présentait comme étant réactionnaire (un peu comme Trotski qui présentait la commune de Cronstadt comme réactionnaire, alors qu’elle était plus révolutionnaire que le parti bolchevik !). Difficile pour moi d’y voir clair au sujet de la Vendée entre la vérité officielle de "gauche", la vérité officielle "de droite", et d’autres versions. Il faudrait que je retrouve la version des "Nouvelles littéraires", c’était intéressant. Et c’est la version qui m’a plut le plus

Sinon, tu parles de la "grande terreur". Je ne sais pas ce que tu appelles ainsi. À l’école, en histoire, quand j’étais gosse, on disait qu’il y avait eu deux Terreurs, la Terreur rouge, révolutionnaire, celle d’avant thermidor ; et la Terreur blanche, réactionnaire, qui a suivi Thermidor. La terreur rouge ayant fait environ 2000 morts et la terreur blanche en ayant fait 40 000. Ajourd’hui, quand on entend parler de la Terreur, on ne discerne pas entre les deux, et c’est la révolution dans sa globalité qui en est accusée. Je pense qu’il est contre-révolutionnaire de faire la confusion entre les deux Terreurs.

Un point très important sur lequel je ne suis pas d’accord avec toi, c’est sur la deuxième guerre mondiale. En Europe et en URSS, il ne s’agissait pas essentiellement d’une guerre impérialiste ; mais d’une guerre contre la révolution, le capital international ayant financé Hitler pour détruire l’Espagne anarchiste et installer Franco, pour détruire ce qui restait du Front Populaire en France et installer Pétain, et surtout, pour détruire l’URSS et son pseudo-communisme. Car même un communisme seulement pseudo, c’était insupportable pour le capitalisme international. J’ai écrit un article ici sur le sujet :

Présentation : http://mai68.org/spip/spip.php?article392

Article : http://mai68.org/spip/spip.php?article3490

Je pense, sinon, que ton égalité absolue entre l’URSS-Russie et l’Amérique, qui reprend celle des situationnistes est vraie dans l’absolue ; mais qu’à y regarder de plus près, cette égalité a été une erreur stratégique. Et, s’il fallait effectivement dénoncer théoriquement l’URSS comme étant un capitalisme d’État, il fallait tout de même la considérer en pratique comme un "État ouvrier dégénéré", comme le disaient les trotskistes des années 1970, et par conséquent la soutenir contre les USA, certes un soutien critique, mais un soutien tout de même.

Guy Debord et les situationnistes ont raison de dire qu’il faudra commencer par se débarrasser des bureaucrates pour ensuite seulement avoir la possibilité de se débarrasser des capitalistes ; mais ils n’ont raison que localement. Ils ont effectivement raison localement : ce sont bel et bien les bureaucrates, en l’absence d’un Strasbourg ouvrier, qui ont vaincu la révolution de mai 68 qu’avait fait naître Guy Debord et ses ami-e-s. Mais il était erroné d’en déduire que ce qui était vrai localement en France l’était aussi globalement sur le plan international.

En effet, la bureaucratie russe a bel et disparu en tant que telle et s’est reconvertie en capitalisme classique. Pourtant, le travail des révolutionnaires n’en est pas plus avancé, au contraire. Et l’on voit que, depuis la disparition de l’URSS, tous les acquis obtenus par la lutte de classe en France, et ailleurs, disparraissent petit à petit, la sécu, les services publics, etc. Pour le prolétariat, la disparition de l’URSS a été un désastre. C’est un peu comme si l’existence de l’URSS avait été la garantie du maintien de nos acquis sociaux, et que cette garantie avait disparu en même temps que l’URSS !

Les prolétaires ne sont pas des êtres désincarnés. Moi non plus, et toi non plus. Ils nous faut manger (le prix du bifteck a doublé en trois ans !), avoir un toit, se soigner, etc. On ne peut pas raisonner comme de purs esprits. Et, par conséquent, l’égalité absolue faite par Guy Debord entre le spectaculaire concentré (URSS) et le spectaculaire diffus (USA) fut non pas une erreur théorique, car vu depuis les hauteurs d’une galaxie lointaine, cette théorie est absolument vraie, mais fut tout de même sur le plan pratique une erreur stratégique tout à fait absolue aussi. Nous ne sommes pas désincarnés. Et Che Guevara avait raison qui disait, malgré son discours d’Alger, où il faisait peut-être même avant Debord une certaine égalité entre l’URSS et l’impérialisme américain, que l’ennemi absolu, l’ennemi principal, c’était l’impérialisme américain. Et c’est toujours le cas aujourd’hui.

S’il est vrai que le capitalisme marchait sur deux pattes une à gauche qui était l’URSS et une à droite qui était les USA, et que pour l’abattre, il fallait lui couper les deux jambes, j’aurais très nettement préféré, une fois l’expérience faite, que ce soit sa jambe droite qui lui ait été coupée la première. Mais ce monde est dirigé par la loi du plus salaud depuis plus de trois mille ans, et donc c’est le plus salaud qui a gagné la guerre froide : les USA ! Nous aurions dû soutenir en conséquence l’URSS malgré tous ses défauts. Nous ne l’avons pas fait. Et nous voyons aujourd’hui où ça nous mène.

En tout cas, de toute façon, la jambe gauche du capital ayant disparu, il faut maintenant lui couper sa jambe droite, les USA. Je considère donc, quoiqu’il en soit, que l’impérialisme américano-européo-sioniste est l’ennemi principal. De toute façon, pour un révolutionnaire, le premier devoir est de combattre l’impérialisme de son propre pays. Or l’impérialisme franco-sioniste soutient le nazisme installé en Ukraine par l’impérialisme américain. Moi pas ! De plus, j’ai très bien connu et aimé quelqu’un qui a tué le plus de nazis qu’il a pu pendant la résistance. Les habitants de Crimée sont heureux d’avoir échappé au nazisme installé à Kiev par l’impérialisme occidental nazi et mon coeur est avec eux. Certes, ce n’est pas la révolution, c’en est même loin, mais c’est toujours ça de pris. Nous ne sommes pas des purs esprits, des êtres désincarnés.

Bien à toi,
do
http://mai68.org